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Mercredi 8 juin 2022

Les cours de comédie musicale… Pourquoi on adore ?

En Suisse romande, les comédies musicales ont la cote ! Spectacles de la Comédie Musicale Improvisée, shows dignes des productions anglo-américaines au théâtre de Barnabé à Servion, où peuvent notamment s’admirer les performances de la Compagnie Broadway… Ces diverses créations qui ont essaimé ces dix dernières années dans la région lémanique s’accompagnent également d’un nombre toujours croissant de possibilités, pour petits et grands, de se former au chant, à la danse et au théâtre, et de se croire, le temps d’un spectacle, sur une scène du mythique quartier de New York.

L’EML, qui propose notamment des cours de chant classique et de prendre part à de nombreux chœurs, a souhaité offrir à ses élèves, enfants comme adultes, l’occasion de découvrir cet art au travers du cours « Initiation à la comédie musicale ». Que viennent y chercher les participants et quelles compétences sont développées durant ces cours ? Avant d’entendre les témoignages des professeurs et de quelques élèves, revenons sur les raisons du succès de cette discipline à trois facettes.

Quand la comédie musicale s’impose comme un art

Dans de nombreux esprits, les comédies musicales sont associées intimement avec les Etats-Unis, et le terme anglais « musical » tend à remplacer d’ailleurs celui de « comédie musicale ». C’est que le genre, apparu au début du 20e siècle, s’est particulièrement développé dans ce pays qui lui a donné ses lettres de noblesses. A l’origine fruit d’un mariage entre le théâtre et la musique classique, la comédie musicale intègre peu à peu les musiques actuelles du moment. Dans les années 1910, c’est le jazz qui y fait son apparition, et jusqu’à aujourd’hui, presque tous les styles de musique y ont été représentés, jusqu’au hip-hop, au rap et au R’n’b, avec la comédie musicale Hamilton (2015) notamment.

Dans une comédie musicale, le théâtre côtoie la musique, et plus particulièrement le chant, qui sert à faire avancer l’action ou à approfondir la psychologie d’un personnage. Dans les années 40, Jerome Robbins, chorégraphe, et Leonard Bernstein, compositeur et chef d’orchestre, mettront peu à peu en pratique leur vision de ce genre cinématographique. En 1957, West Side Story s’impose comme un chef d’œuvre de la comédie musicale américaine dont les codes sont encore utilisés aujourd’hui.

Charmer le public, faire rêver… mais pas seulement

En mettre plein les yeux, étonner le spectateur… Dans l’univers des comédies musicales, l’attention du public doit se porter sur les parties chantées ou dansées qui imposent leur rythme et donnent du sens à l’histoire. A l’origine, la comédie musicale américaine s’oppose au « sérieux culturel » et au goût artistique venu d’Europe. Les intrigues sont alors simples : l’objectif est d’offrir du rêve, de séduire le public et de lui faire vivre un moment exceptionnel et joyeux. Le genre sera parfois taxé de « guimauve », ses sujets jugés triviaux et artificiels. Mais si, en effet, un certain nombre d’entre elles reprennent des thèmes chers à Hollywood (la réussite, l’accomplissement de soi, la célébrité), par la suite, un grand nombre de comédies musicales vont également porter un message social et engagé, au ton parfois beaucoup plus sérieux (on pense notamment à Hair, sortie en 1967, sur fond de guerre du Vietnam, Next to Normal (2008) qui aborde les thèmes des troubles mentaux et de la toxicomanie, ou encore Billy Elliott (2000) et les questions de genre).

Considérée comme un peu ringarde et démodée, la comédie musicale sera beaucoup moins présente sur les écrans pendant deux décennies, avant de revenir en force dans les années 2000. Depuis, le genre a retrouvé la popularité de son âge d’or : Mamma Mia (1999), Moulin Rouge (2001), Chicago (2002), Hairspray (2002), La La Land (sorti en 2016, et qui a remporté six Oscars), pour n’en citer que quelques-unes, et en 2021, une nouvelle adaptation de West Side Story, de Steven Spielberg…

Les cours de comédie musicale à l’EML

Pour répondre à une demande croissante du public, Claire Benhamou, professeure de langage musical à l’EML et responsable de la partie chant, et Yves Adam, professeur de théâtre, ont imaginé un cours d’initiation à la comédie musicale se divisant en deux groupes : le groupe Moderato pour les 7 à 11 ans, et le groupe Allegro-Vivace pour les élèves dès 12 ans jusqu’aux adultes. Une belle occasion de s’essayer à ce genre qui fait rêver petits et grands !

 

Vous souhaitez en savoir plus sur ce cours d’initiation à la comédie musicale ? Découvrez vite l’interview d’Yves Adam et de Claire Benhamou.

Comment expliquer, selon vous, cet engouement pour les cours de comédie musicale ?

Yves Adam : Il y a naturellement dans la comédie musicale le plaisir du “show à l’anglo-saxonne”. C’est surprenant car ce n’est que très récent dans le monde francophone, mais je crois que l’engouement vient de là, entre autres. 

Claire Benhamou : Je pense que ça plaît aussi parce que c’est un art qui est très complet, la musique est entraînante, c’est sacrément bien fait et travaillé. Il y a tous les ingrédients pour que ça séduise le grand public. Mais il est vrai que dans les pays francophones, on connaît moins Broadway et ses productions récentes. Donc, au travers de ce cours, les élèves découvrent le répertoire qu’on leur fait chanter, et ça leur offre tout un pan de culture qu’ils n’ont pas.  De plus, je pense que ce qui attire les élèves, c’est l’idée de se lancer un challenge ; chanter, danser et jouer la comédie, sans séparer les choses. On a un côté très technicien en Europe, on aime bien se spécialiser tout de suite dans un domaine en particulier. Alors qu’aux Etats-Unis, les acteurs ont généralement une formation globale, et sont souvent également chanteurs et danseurs. Je pense que ça plaît de développer plusieurs facultés et ne pas se limiter à un seul domaine.

Comment se déroule le cours d’Initiation à la comédie musicale à l’EML ?

Yves Adam : Les élèves travaillent 45 minutes la musique et le chant avec Claire, puis 45 minutes le théâtre et le mouvement avec moi. Lors des derniers cours, nous mettons le travail en commun. 

Claire Benhamou : En effet, dès que les chants et les chorégraphies sont appris, on travaille en commun sur le tout. Chaque professeur commente soit du point de vue de l’interprétation, soit du point de vue corporel et du chant. C’est une sorte de ping-pong entre Yves et moi qui permet de créer de l’unité.

 

Qu’apporte ce cours aux musiciens et que permet-il de développer en général ? 

Yves Adam : Le mélange musique, théâtre et danse est propice à un échange entre les divers arts scéniques. Il rend obligatoire une grande écoute, une précision de tous les moments. Il amène les élèves à développer les connexions entre l’imaginaire, la voix, le corps pour que chaque élément aide à l’épanouissement de tous les autres. 

 

Claire Benhamou : Selon moi, ce cours permet de prendre confiance en soi pour oser être qui on est, proposer ses idées, ses mouvements et son interprétation. Ensuite cela développe des compétences similaires à la musique d’ensemble, c’est-à-dire l’écoute, l’observation des autres et de sa place dans le groupe. C’est comme dans une équipe de foot ; on est tous ensemble, et s’il y en a un qui tombe, les autres sont là pour le relever et l’encourager. Cela travaille également l’aspect musical, le rythme, la justesse. Rythmiquement, la danse permet de caler la carrure et la mesure, et d’améliorer la coordination et la motricité. Tout ce qu’on travaille va apporter un plus aux élèves pour leurs compétences de musicien, et on espère que cela les aidera dans d’autres domaines que la comédie musicale.

En quoi le cours diffère-t-il pour les plus grands ?

Claire Benhamou : La grande différence est la langue. Avec les petits, on travaille essentiellement en français, et avec les grands en version originale, c’est-à-dire en anglais, puisque c’est la langue des comédies musicales de Broadway. Autrement les objectifs sont les mêmes pour les petits et les grands : on veut poser des bases de technique vocale et théâtrale qui soient solides. Le but est aussi qu’ils s’amusent, qu’ils prennent du plaisir et à la fois qu’ils comprennent qu’il y a une exigence nécessaire à tout art : celle de donner le meilleur de soi-même pour obtenir la qualité la plus haute qu’on peut espérer.

Yves Adam : Oui je suis d’accord. Avec les plus grands, on peut aborder des mouvements, des chants, des textes plus ambitieux et plus complexes, mais le mode de travail, lui, ne diffère pas. 

Sur quoi travaillez-vous en ce moment avec vos élèves ?

 

Yves Adam : Malheureusement, nous n’avons pas, en un cours d’une heure trente par semaine, donné sur un semestre, la possibilité de monter une comédie musicale complète. L’objectif est plutôt de travailler sur des morceaux de différentes comédies musicales.
 

Claire Benhamou : Cette année, nous n’avons pas monté un spectacle en tant que tel, mais nous participons au spectacle de l’EML « Complètement à l’Ouest » qui a pour but de mettre en valeur les chœurs de l’EML et la musique nord-américaine. Les plus jeunes interpréteront et danseront sur une chanson de Mary Poppins (1964), « A Spoonful of Sugar », qui a été traduite en français pour l’occasion. Les plus grands travaillent sur « Seasons of love », un extrait de la comédie musicale Rent (1996). Autrement, les élèves participeront à d’autres chants durant le spectacle, notamment « Everybody Needs Somebody to Love » du film musical The Blues Brothers (1980).

 

Merci à Claire Benhamou et à Yves Adam pour leurs réponses. Votre enfant ou vous-mêmes êtes intéressés à vous initier à l’art de la comédie musicale ? Les inscriptions sont ouvertes et le resteront durant tout le premier semestre, les cours ne commençant qu’en février 2023. Il n’est pas nécessaire d’être musicien, comédien ou danseur pour suivre cet enseignement qui est également ouvert aux élèves externes !

A noter qu’un troisième cours, réservé aux Vivace, soit aux élèves plus âgés et aux adultes, est susceptible d’ouvrir si un nombre suffisant de participants le permet.

 

Et les élèves, que pensent-ils de leur cours ? Connaissent-ils beaucoup de comédies musicales ? Nous le leur avons demandé !

 

Danaé, 8 ans, Sidonie, 10 ans, Wesley, 9 ans, du groupe Moderato

 

Qu’est-ce qui t’as donné envie de suivre le cours de comédie musicale ?

Danaé : J’adore la musique et j’aime bien bouger.

Sidonie : Depuis toute petite j’aime bouger et chanter, alors vu que c’est la combinaison des deux, je me suis dit qu’il fallait que je fasse ça.

Wesley : Ce que j’aime, c’est qu’on est actif ! J’adore danser et j’aime aussi chanter, alors c’est ça qui m’a vraiment motivé !

Qu’aimes-tu dans les cours de comédie musicale ? Qu’as-tu appris ?

Danaé : J’aime beaucoup Yves et Claire, ils sont très sympas comme profs. Et j’ai appris à bien apprivoiser le chant et les gestes en même temps.

Sidonie : Moi j’aime tout ! J’aime bien chanter, écouter de la musique, danser, et aussi Yves et Claire. Et j’ai appris à maîtriser ma voix qui est aigüe. Claire m’a appris une technique.

Wesley : J’adore tout ce qui se passe : chanter, danser, Claire et Yves aussi, je les aime beaucoup. Et je me suis fait beaucoup de nouveaux amis. Et aussi les gestes et la voix ça m’a aidé à chanter et faire les gestes, sans y réfléchir. Ça devient naturel.

Le plus difficile, selon toi : danser, chanter ou jouer la comédie ?

Danaé : Pour moi, rien. Tout est facile !

Sidonie : Je n’ai pas de difficultés particulières, mais peut-être un peu plus de difficultés avec la danse. Alors que j’avais déjà pris des cours de théâtre avant, donc j’avais un peu appris à jouer la comédie.

Wesley : Rien n’est vraiment difficile, mais peut-être la danse, car chaque fois cela change…

Tu as déjà vu une comédie musicale, au cinéma ou au théâtre ? Quelle est ta comédie musicale préférée ?

Danaé : J’en ai vu plusieurs fois au théâtre, et j’aime beaucoup. Mary Poppins !

Sidonie : J’aime plusieurs comédies musicales, mais mes préférées sont Mary Poppins et Cats. J’ai plutôt vu des comédies musicales en film que sous forme de pièces de théâtre.

Wesley : Je n’ai jamais vu de comédies musicales, donc je ne peux pas trop dire. Mais j’aimerais en découvrir !

 

Marisa, 15 ans, du groupe Allegro-Vivace 

 

Qu’est-ce qui t’as donné envie de suivre le cours de comédie musicale ?

J’aime beaucoup chanter et danser. C’est ce qui m’a donné envie de commencer. Avec ma sœur, on danse sur des chorégraphies déjà faites, on essaie de les apprendre, de se filmer, de se challenger pour faire aussi bien que les artistes. Toutes les deux, on adore chanter.

Qu’est-ce que tu aimes dans les cours de comédie musicale ? Qu’est-ce que tu as appris ?

Le fait de danser et de chanter, d’apprendre des choses que je ne connaissais pas, par exemple, les techniques de respiration. Et pour jouer un rôle, se mettre dans la peau du personnage, essayer différentes choses, être parfois une personne différente de ce que l’on est vraiment, une personne totalement extravertie, par exemple.

Qu’est-ce qui est le plus difficile : danser, chanter ou jouer la comédie ?

Pour moi, le plus difficile, c’est le chant. J’avais participé à un chœur quand j’étais enfant, mais autrement, je n’avais pris qu’un seul cours de chant dans ma vie. Par contre, je fais de la gymnastique artistique, donc la danse n’est pas trop difficile pour moi. Et jouer des rôles, le jeu d’acteur, est un peu plus complexe car j’ai seulement fait de l’improvisation pendant une année. Mais c’est très intéressant et j’aimerais continuer à développer les techniques de théâtre.

Tu as vu beaucoup de comédies musicales ? Quelle est ta préférée ?

J’ai déjà vu plusieurs comédies musicales, et ma préférée est Hamilton, écrite par Lin-Emmanuel Miranda. Je l’adore ! On apprend beaucoup de choses sur l’histoire américaine, que je ne connaissais pas du tout. Les chants sont incroyables, et avec ma sœur, on essaie de tous les apprendre par cœur. J’aime bien aussi In the Heights, une autre comédie musicale écrite par Lin-Emmanuel Miranda.
 

Pages web et émissions ayant servis à la rédaction de cet article :

Comédie musicale — Wikipédia (wikipedia.org)

la comédie musicale - LAROUSSE

Le phénomène La La land: émission spéciale comédie musicale - Tous les cinémas du monde (rfi.fr)

Analyse : Pourquoi chante-t-on dans les comédies musicales ? | LeMagduCine

« Hair » : en 1968, la révolution était aussi sur scène (theconversation.com)