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Mercredi 14 juillet 2021

La musique classique… brésilienne !

Le Brésil… Souvent, en Europe, lorsque l’on pense à la musique de ce pays, nous viennent en tête tour à tour des rythmes entraînants de samba, associés aux couleurs du carnaval, ou des sonorités plus douces et sensuelles, comme la bossa nova. Pourtant, la musique classique a existé au Brésil bien avant la samba, la bossa nova ou le forro. Elle puise en effet ses racines dans les premières années de la colonisation et a traversé cinq siècles de transformations et d’adaptations culturelles. Pour en savoir plus sur les spécificités de la musique classique brésilienne, en lieu et place d’un billet d’avion, lisez cet article, et cap sur le Brésil !

Le fruit d’un « melting pot »

« La musique classique brésilienne est le mélange de trois racines », nous explique Marcia Dipold, professeur de piano à l’Ecole de musique Lausanne et passionnée par la musique de son pays natal. « Celle de la musique européenne, le Brésil ayant été colonisé par les Portugais, celle de la musique des esclaves africains, venus au Brésil avec leur culture, et finalement, celle de la musique des indigènes, présents au Brésil à l’arrivée des explorateurs portugais. »

En effet, suite aux débuts de la colonisation du Brésil dans les années 1530, les Jésuites, qui se sont  donnés pour mission d’évangéliser les tribus indiennes, introduisent dès 1549 auprès des autochtones le chant grégorien, dont ils traduisent les paroles dans leur langue, et la musique baroque. Ils leur enseignent également la flûte et la viole. Parallèlement, les esclaves, amenés d’Afrique par les colons portugais, apportent avec eux leur musique, ses rythmes et ses instruments à percussion. C’est donc ce mélange d’influences qui contribuera à façonner l’identité de la musique classique brésilienne.

Un genre musical qui reste méconnu  

Si la musique populaire brésilienne est reconnue internationalement et considérée comme le symbole de la production musicale du Brésil au XXe siècle, la musique classique ou de concert reste elle méconnue des étrangers… autant que des Brésiliens eux-mêmes. A l’université, où Marcia Dipold a fait ses études de piano, la musique classique brésilienne faisait partie intégrante du cursus ; la professeure regrette pourtant que les musiciens classiques brésiliens et leurs œuvres ne soient pas plus populaires au niveau national. « Hormis le célèbre Heitor Villa-Lobos, connu par la population notamment pour ses comptines enseignées à l’école, si vous demandez à un Brésilien le nom d’un compositeur classique, il aura probablement du mal à vous en citer un ».

Multi-instrumentiste, chef d’orchestre et compositeur, Heitor Villa-Lobos s’impose au XXe siècle comme une figure majeure, marquant l’histoire musicale de son pays. Il compose douze symphonies, dix-huit concertos, des ballets, de la musique de chambre et des musiques de films. Son style unique combine les influences européennes – son compositeur favori est Jean-Sébastien Bach –, avec des sources de musique traditionnelle brésilienne (en introduisant notamment la guitare, symbole d’une culture perçue comme authentiquement brésilienne, et en mêlant des chants indigènes et de différents pays africains).

La musique classique moderne au Brésil

A la suite de la proclamation de la République en 1889, le mouvement nationaliste cherche à rompre avec toute influence de l’ancien régime et à affirmer l’identité nationale du Brésil en définissant ce qui serait ou non authentiquement brésilien. La musique classique brésilienne, qui a pour référence la musique classique européenne dont elle partage les fondements culturels, est alors perçue comme soumise aux valeurs du colonisateur et méprisant les influences africaines et indigènes. Au début du XXe siècle, deux écoles sont alors créées.

D’une part, L’Ecole Musicale Nationaliste, dont le mouvement, incarné notamment par Francisco Mignone, Radamés Gnattali, Camargo Guarnieri, mais aussi le fameux Heitor Villa Lobos, place l’affirmation de l’identité brésilienne comme but premier.

D’autre part, dans les années trente, apparaît le Groupe Musique Vivante, Movimento Musica Viva, qui à l’inverse, revendique une universalité totale et considère le nationalisme comme un carcan. Les compositeurs de ce mouvement intègrent les nouveaux courants venus d’Europe comme le dodécaphonisme, l’avant-garde, le sérialisme et la musique aléatoire.

Plus récemment, le compositeur Marlos Nobre a ouvert de nouvelles voies à la musique classique brésilienne. Sa musique, mêlant des processus créatifs d’avant-garde à l’utilisation des percussions, aura alors un grand impact.

Le cours Musique brésilienne à l’EML

Si vous êtes curieux et souhaitez découvrir et apprendre à interpréter cette musique aux influences multiples, Marcia Dipold propose aux élèves pianistes ayant atteint au minimum un niveau moyen de suivre le cours à option Musique brésilienne à l’EML. Véritable invitation au voyage, ce cours a pour objectif d’ouvrir leurs horizons à d’autres rythmes et sonorités, en les initiant à la culture du Brésil et en leur faisant découvrir les compositeurs qui ont marqué son histoire. « Dans ce cours, en plus d’enseigner la musique classique brésilienne, j’apporterai des éléments historiques et culturels sur le pays et ses régions », explique Marcia Dipold. « J’aimerais montrer aux élèves comment les compositeurs se sont inspirés d’éléments folkloriques, notamment des danses. L’idée est de faire vivre cette musique en la jouant ».

 

Cours Musique brésilienne, EML Site Montolivet, Mercredi 19h10 – 19h55 (le cours s’adresse aux pianistes ayant atteint un niveau moyen au minimum).

 

Références

Ambassade du Brésil en France (itamaraty.gov.br)

Musique classique au Brésil: des Jésuites à Jorges Antunes (brazil-selection.com)

About Brazilian music | Musica Brasilis

Musique brésilienne — Wikipédia (wikipedia.org)

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Piano