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Lundi 15 janvier 2024

La musique des studios Ghibli 

Partie 3 de la présentation de la Thématique 2023-2024 : Regards vers l'Est | Partie 1 | Partie 2 

En ce début d’année, nous vous proposons de plonger dans l’univers enchanteur de Hayao Miyazaki, le fondateur du studio d’animation japonais Ghibli. Ses films ont touché et fait rêver des générations par leurs histoires, leur poésie, mais aussi par leur musique bien spécifique. Derrière la bande son, on retrouve de manière récurrente le même compositeur : Joe Hisaishi. Qui est-il ? Quel est son univers musical ? C’est ce que nous tâcherons d’explorer dans cet article. 

Les studios Ghibli sont parfois considérés comme le pendant japonais des studios Disney. Ils sont fondés en 1985 par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, notamment grâce au succès phénoménal d’un premier animé, Nausicaa de la Vallée du Vent, qui permettra de financier la création des studios. 

Amateur d’aviation, Miyazaki s’est inspiré d’un avion de reconnaissance développé en Italie durant la Seconde Guerre mondiale, le Caproni Ca. 309 Ghibli, pour nommer son studio d’animation. Le réalisateur aurait ainsi voulu montrer, par ce nom, son souhait de faire souffler un vent de nouveauté sur l’animation japonaise, en choisissant ce terme qui renvoie à un vent chaud du désert.  

Joe Hisaishi : l’âme des studios Ghibli 

Joe Hisaishi, de son vrai nom, Mamoru Fujisawa, est né le 6 décembre 1950 au Japon, à Nakano dans la préfecture de Nagano. 

Il commence l’apprentissage du violon à l’âge de 4 ans, en suivant la méthode Suzuki. Adolescent, il se découvre une passion pour la composition et commence sa carrière musicale en écrivant des chansons pour des artistes japonais. Il entre en 1969 à l’Université de musique de Kunitaichi où il se familiarise avec la musique minimaliste (courant de musique contemporaine caractérisée par l’utilisation d’une pulsation régulière et la répétition de courts motifs évoluant lentement), puis se tourne vers la composition de musique de films, en composant des musiques et génériques de dessins animés dès 1974. Au début des années 70, il prend le nom d’artiste de Joe Hisaishi, en hommage au musicien et compositeur américain Quincy Jones (en japonais, la prononciation des deux kanjis (signes d’écriture en japonais) devenant « Joe Hisaishi »). 

Si ses premières compositions sont très influencées par la pop japonaise, l’électro et la musique New Age, la musique symphonique classique et la musique minimaliste vont jouer un grand rôle dans son travail, se complétant et s’enrichissant dans ses œuvres.  

Au début des années 80, Joe Hisaishi rencontre Hayao Miyazaki avec lequel il va développer une fructueuse collaboration. Alors compositeur de film bien établi, Joe Hisaishi est recruté pour faire la musique du tout premier film des studios d’animation Ghibli : Le Château dans le ciel, sorti en 1985. Il avait déjà collaboré avec le réalisateur en 1983, sur le film d’animation Nausicaa de la Vallée du Vent, sorti deux ans avant la création du studio Ghibli. Il deviendra le binôme de légende de Hayao Miyazaki, réalisant la grande majorité des films du studio d’animation, tels que Mon Voisin Totoro (1988), Kiki et la petite sorcière (1989), Princesse Mononoké (1997), Le Voyage de Chihiro (2001) pour n’en citer que quelques-uns. Selon Miyazaki, les bandes originales de son acolyte ont nettement contribué au succès du studio. 

Compositeur, Joe Hisaishi est aussi pianiste, arrangeur, chef d’orchestre, écrivain et réalisateur (il a réalisé le film Quarter en 2001, dont il a signé le scénario et la musique).  

En tant que chef d’orchestre, il dirige régulièrement le World Dream Orchestra (composé d’instrumentistes du Nouvel orchestre philharmonique du Japon) dont il fut le premier directeur musical. Il a également réalisé de nombreux albums symphoniques et des compositions pour piano. 

Les inspirations de Joe Hisaishi 

Depuis leur première collaboration, Hisaishi et Miyazaki ne se sont plus quittés. Ils travaillent en étroite collaboration pour la composition de chaque film, discutant de l’atmosphère qu’ils souhaitent créer pour chaque scène, élaborant ensemble des thèmes musicaux pour les personnages et les moments-clés. 

Ainsi, pour « Mon voisin Totoro », sorti en 1988, Hisaishi a écrit une musique qui reflète la simplicité et l’innocence de l’enfance. Il utilise des instruments comme le xylophone, la flûte et le piano pour créer une musique douce et enjouée qui s’accorde parfaitement avec l’univers du film.  

Dans « Le voyage de Chihiro », la scène de la visite des bains publics par la petite Chihiro est considéré comme un bijou d’animation. Elle était encore en cours de production lorsque Miyazaki a commencé à travailler sur la musique. Hisaishi a donc œuvré en étroite collaboration avec le compositeur pour s’assurer que celle-ci s’accordait parfaitement avec la séquence. Le résultat : une fusion parfaite entre la musique et les images. 

En dehors de la musique classique, le compositeur puise dans le jazz, la musique traditionnelle japonaise, mais également dans la musique populaire. Il utilise souvent des instruments japonais traditionnels, tels que le shakuhashi, une flûte en bambou, le koto, un instrument à cordes pincées, et le taiko, un tambour japonais. Il incorpore également des éléments de musique électronique, pour ajouter une touche de modernité. On retrouve ainsi, dans les films de Miyazaki, un mélange des genres, des époques et des cultures. 

En écoutant bien, on peut également reconnaître les influences de compositeurs impressionnistes, comme Debussy ou Ravel. Autres influences : Dans Nausicaa la vallée du vent, le requiem de Nausicaa est un clin d’œil à la Sarabande de Händel. Et dans la scène du film Ponyo sur la Falaise, une petite fille court sur les vagues d’un océan déchaîné, accompagnée d’une musique clairement inspirée de la chevauchée des Walkyries de Richard Wagner. D’ailleurs, l’enfant porte le nom de Brunehilde, le même que celui de l’une des walkyries du célèbre opéra. 

La musique d’Hisaishi, parfois lyrique et symphonique, d’autres fois plus minimaliste et expérimentale, est devenue un élément crucial de la réussite globale des films de Miyazaki. Il a également, par ses choix et les clins d’œil qu’il opère, contribué à faire découvrir la musique classique à un public néophyte.  

À découvrir à l’EML 

Cette année, c'est le thème de l’est qui est exploré par l’Ecole de musique Lausanne et ses élèves. Inspirée par le Japon (pays très très à l’est!), L’Harmonie des jeunes de l’EML et le Junior Band, sous la direction des professeurs Etienne Mounir et Pascal Braillard, interprétera les plus belles musiques du studio Ghibli, le dimanche 17 mars. Les classes de violon de Delphine Touzery et Ella Vérant joueront également les musiques du Studio Ghibli, notamment celles de Princesse Mononoké et Mon voisin Totoro lors du concert La Vallée du Vent du 8 juin. 
Les événements de l’EML et toutes les informations utiles sont à retrouver ici.  

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 

Livres : 

Hayao Miyazaki : Cartographie d’un univers, Raphaël Colson, Gaël Régner, Les Moutons électriques, 2013 

Podcasts : 

  • MéloCiné : les 4 éléments dans la musique des films Ghibli  

  • Opus Pop : Joe Hisaishi et les univers sonores des studios Ghibli

Sites internet :