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Jeudi 5 octobre 2023

A l’Est, avec les musiques tziganes

Partie 1 de la présentation de la Thématique 2023-2024 : Regards vers l'Est | Partie 2 | Partie 3

Après l’Ouest et le Nord, l’Ecole de musique Lausanne propose cette année de faire voyager les élèves et le public grâce aux sonorités de l’Est. Les professeur.e.s ont carte blanche pour travailler sur ce thème qui inclura à la fois les musiques folkloriques d’Europe centrale et orientale, la musique classique de compositeurs originaires d’Allemagne, de Hongrie, Tchéquie, Bulgarie, Pologne, Serbie, etc., et même les musiques de films d’animation japonais (là, on est très très à l’est !).  

Rien qu’en Europe, il n’existe pas une, mais des musiques de l’Est. Mais si chaque pays possède quelques spécificités, on retrouve toutefois des influences communes, notamment diffusées par les gens du voyage. 

Ainsi, pour se plonger dans la thématique choisie par l’EML cette année, nous vous proposons de découvrir la culture musicale tzigane, qui fait partie intégrante de la musique de nombreux pays d’Europe de l’Est, et dont les influences se font même ressentir chez les compositeurs classiques du 19e et 20e siècle de ces pays.  

Un répertoire et des instruments bien particuliers, voici ce qui distingue la musique des peuples tziganes d’Europe de l’Est (aussi appelés Roms, Gitans, Manouches, Sinti, selon les régions où ils se sont implantés) à celle des gitans du sud de l’Europe. 

Originaires du Rajasthan, au nord-ouest de l’Inde, ces tribus ont émigré vers le Moyen-Orient et l’Asie centrale, pour finalement s’établir en Europe entre le 13e et le 15e siècle, dans les actuelles Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Russie… 

Leur musique étant largement basée sur une transmission orale, elle donne une large part à la variation, à l’improvisation et à l’évolution. Les chansons ponctuaient chaque occasion, chaque grande étape de la vie communautaire : fêtes et cérémonies, mariages, baptêmes, récoltes, enterrements… Elles se sont notamment fait connaître en Europe via les musiciens qui faisaient la quête de ville en ville, avant de se mélanger peu à peu à la culture musicale locale, avec la sédentarisation des gens du voyage dans les régions de l’Est de l’Europe.  

Malgré ses nombreuses facettes, la tradition musicale tzigane inclut presque toujours un certain nombre d’instruments, empruntés au gré des nombreux pays traversés par ces populations au fil des siècles et de leur itinérance. Parmi ceux-ci, on retrouve le violon, l’accordéon, la clarinette (surtout en Europe centrale) ou le tarogato* (un ancêtre de la clarinette), la guitare, la contrebasse, le cymbalum (un instrument à cordes frappées faisant partie de la famille des cithares), la darbouka (un instrument de percussion dont les sons sont produits par la vibration d’une membrane tendue sur un cadre, répandu dans toute l’Afrique du Nord et subsaharienne, au Moyen-Orient et dans les Balkans), le davul (un tambour à deux faces, similaire à la grosse caisse) et la balalaïka (un instrument du type guitare ou luth). Cette grande variété d’instruments a permis à la musique tzigane de s’imposer dans le répertoire des musiques folkloriques, mais aussi dans le jazz et dans la musique classique.

*(Cliquez sur les instruments pour écouter leur sonorité!)

Les musiciens tziganes n’apprenaient pas à jouer dans des académies mais grâce à la transmission de leurs pairs. Ils ont ainsi pu développer un style de jeu unique pour chacun des instruments utilisés. Souvent multi-instrumentistes et luthiers amateurs, ils étaient, et sont toujours, réputés pour la vitesse de leur exécution, leur vaste répertoire et leur capacité d’improvisation. Ainsi, certains musiciens tziganes sont considérés comme des virtuoses ; Roby Lakatos, violoniste renommé pour sa façon très rapide de jouer des pizzicati, Ionicà Minune, accordéoniste, ou Elek Bacsik, guitariste, violoniste et contrebassiste. 

Les caractéristiques de la musique tzigane - rapidité, improvisation, etc. - sont similaires à celles que l’on retrouve dans la musique klezmer, pratiquée dans la culture ashkénaze des Juifs d’Europe de l’Est. 

Très présente dans les musiques populaires des pays où les gens du voyage se sont installés, la musique traditionnelle tnzigane a aussi eu une influence sur de nombreux compositeurs classiques. Franz Liszt (hongrois), Joseph Haydn (autrichien), Johannes Brahms (allemand), Maurice Ravel (français) ont ainsi été fascinés par la musique tzigane et l’ont célébrée dans leurs compositions. 

Aujourd’hui, pour apprécier toute la virtuosité, la diversité et les sonorités bien particulière de la musique tzigane, il est possible d’assister à différents festivals. Rien qu’en France, on peut en citer trois : 

  • Créé en 1992, à Angers, le Gypsy Swing Festival 

  • Le Gypsy Lyon Festival a lieu chaque année depuis 2010 

  • Welcome in Tziganie célèbre la musique tzigane et des Balkans dans le Gers 

 

Dans le prochain article, nous partirons à la découverte de quelques compositeurs classiques renommés de plusieurs pays de l’Est ! 

Lire l'article suivant

 

Pour découvrir la musique tzigane : 

Artistes tziganes : 

Roby Lakatos : violoniste tzigane hongrois 

Ionica Minune : accordéoniste tzigane roumain 

Les 100 violons tsiganes

Gypsy Philharmonic Orchestra – Russian Melodies 

Compositeurs classiques, inspirés par la musique tzigane : 

Joseph Haydn :  

Joseph Haydn / Piano Trio No. 39 in G major "Gypsy", Hob. XV:25

Joseph Haydn | Piano Trio No. 39 in G-major, Hob. XV:25 - Haydn Chamber Ensemble 

Franz Liszt :  

Liszt : Rapsodie hongroise n° 12 par Ronald Noerjadi - YouTube 

Maurice Ravel : 

Ravel: Tzigane - Perlman, Mehta: New York Philharmonic. - YouTube 

Johannes Brahms : 

Brahms : Danse Hongroise no 1 en sol mineur – Simon Rattle, Berliner Philharmoniker 

 

Pour aller plus loin : 

Musique tzigane — Wikipédia (wikipedia.org) 

Quand la musique classique s’inspire du répertoire tsigane (radiofrance.fr)