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Mercredi 26 mai 2021

Le solfège, à quoi ça sert lorsqu’on apprend à jouer d’un instrument ?

Ah, le solfège… Certains d’entre nous en gardent quelques vagues souvenirs d’école : des termes mystérieux comme « croches » ou « triolets », des clés et autres symboles artistiques dessinés à la craie au tableau noir. Le solfège est aussi souvent perçu comme l’étape incontournable pour l’instrumentiste débutant. Parce que cet apprentissage suscite l’appréhension chez beaucoup, dans cet article, on vous explique à quoi vous servira vraiment le solfège dans la pratique de l’instrument.

Un peu d’histoire…

Le solfège est un système de notation d’une très grande précision, propre à la musique occidentale. Si aujourd’hui sa complexité en a fait une discipline à part entière, au même titre que l’étude de la technique instrumentale ou vocale proprement dite, le solfeggio, mot dérivé des notes « Sol » et « Fa », a été mis au point au Moyen Age par un moine italien pour former les chanteurs à tout âge, et en quelques mois, alors que le processus mettait normalement plusieurs années ! Enrichi et complexifié à travers les siècles, le solfège a perduré jusqu’à nos jours, preuve sans doute de son efficacité.

Connaître le solfège : des avantages indéniables

Le terme « langage musical », par lequel on désigne aussi aujourd’hui le solfège, aide à se représenter son utilité : si la musique était une langue, alors le solfège serait ce qui nous permettrait de la lire et de l’écrire, sa grammaire en somme. Ainsi, comme l’écriture avec les livres, le solfège a permis notamment la transmission de la musique, grâce aux partitions. S’il est possible de parler sans savoir lire ni écrire, et de jouer d’un instrument sans connaître les méandres du langage musical, celui-ci permet d’acquérir une « parole » plus aisée et de communiquer. Pour jouer à plusieurs dans un orchestre par exemple, connaître ce système de notation devient quasiment indispensable. « Il permet de lire une partition tout en suivant ce que fait un autre instrumentiste » explique Alexandre Guy, professeur de langage musical à l’Ecole de musique Lausanne.

En indiquant le tempo et les silences, les rythmes et les notes, le solfège rend ainsi intelligible la partition. Son exercice aide également à développer l’écoute et le sens du rythme, si importants pour la pratique individuelle ou collective d’un instrument.

Vous-même ou votre enfant connaissez peut-être cela : le cours d’instrument terminé, entre le travail ou les devoirs, la famille, les copains et les activités, quelques jours s’écoule sans avoir parfois pu reprendre son instrument en main. La partition joue alors un excellent outil d’aide-mémoire pour pouvoir se replonger rapidement dans sa partition.

D’autre part, bien que la plupart des professeurs d’instrument inculquent des notions de solfège durant leurs cours, ce qui aura été acquis pendant le langage musical représentera du temps gagné durant l’enseignement pour se consacrer à la pratique de son instrument. « J’ai remarqué que les élèves qui suivent le langage musical ont plus de facilité. Je me concentre moins avec eux sur la lecture de notes, et le déchiffrage d’une nouvelle partition se fait plus vite », témoigne Paulo da Fontoura, professeur de guitare à l’EML.

Rythmes, notes, intervalles, accords, tonalités… Connaître ces notions théoriques permet de synchroniser rapidement les indications de la partition au mouvement des doigts ou à la gestion du souffle, et ainsi de gagner en autonomie lorsque le professeur n’est pas présent.

Différentes méthodes d’apprentissage

L’acquisition des connaissances nécessaires, et du plaisir lors de l’apprentissage, dépend à la fois de l’élève et de son investissement, mais aussi du professeur et du choix d’une méthode pédagogique adaptée.

A l’EML, le solfège est enseigné aux enfants soit au travers du cours de langage musical ou de celui de rythmique-solfège. Si le contenu théorique est le même – les élèves passent le même examen –, la méthode d’apprentissage est différente. « En rythmique-solfège, le mouvement est partie prenante. Le but est que les notions deviennent ancrées dans le corps. En se rappelant de l’activité, cela permet de les mémoriser », explique Lucie Piemontesi, professeure de rythmique-solfège à l’EML. « Le support majeur du langage musical, c’est la partition. Cette méthode a cherché à emprunter des concepts à la rythmique-solfège, mais on peut dire que c’est un enseignement qui aborde la partition avec plus de rigueur », relève Alexandre Guy. Mais les deux professeurs sont d’accord sur un point : peu importe de quelle façon les notions sont présentées et intégrées, l’essentiel est de trouver la méthode qui nous convient le mieux.

Apprendre le solfège… « sur le tard » ?

Et pour les adultes, cela vaut-il la peine de commencer le solfège sur le tard ? L’EML leur propose une formation de solfège spécifique accélérée d’une année, car ils bénéficient souvent d’une certaine base théorique, et sont capables d’intégrer des notions complexes plus rapidement. Les bénéfices dans la pratique de l’instrument, eux, seront les mêmes que pour les enfants.

Une formation incontournable

Vous l’aurez compris, le langage musical représente un excellent complément, au service de l’instrument. Il permet de développer l’autonomie, l’écoute, le sens du rythme, une capacité à déchiffrer rapidement une partition et à se sentir à l’aise dans le jeu collectif. Il n’offre ainsi que des bénéfices, et constitue un investissement sur le long terme qui s’avère incontournable dans l’apprentissage musical.